La radio d’Etat a dévoilé hier dimanche la teneur de l’accord conclu sous la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki : sur les 31 membres du futur gouvernement, une toute mince majorité sera issue de l’opposition. Elle n’a pas détaillé l’attribution des portefeuilles.
L’on sait cependant que l’opposition souhaitait contrôler la police mais était disposée à laisser à Robert Mugabe sa mainmise sur l’armée. La ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique) de Mugabe, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai et le plus modeste parti d’opposition d’Arthur Mutambara se sont rencontrés samedi à Harare pour travailler sur la répartition des portefeuilles.
Puis le bureau politique du ZANU-PF a approuvé l’accord de partage du pouvoir, selon la radio. Le chef du MDC Morgan Tsvangirai, rival malheureux de Mugabe lors d’un scrutin présidentiel de juin dernier auquel il avait fini par renoncer sous la pression, devrait prendre la tête du gouvernement. « Bien qu’il n’ait pas le pouvoir absolu, il a tout de même un pouvoir important », a affirmé David Coltart, avocat et député de l’opposition. « C’est sans aucun doute historique, même s’il nous reste encore à parcourir un chemin long et semé d’embûches ». Robert Mugabe reste président, mais avec des prérogatives réduites.
Deux postes de vice-présidents, largement honorifiques, seront octroyés à des membres de la ZANU-PF. Le Premier ministre Morgan Tsvangirai aura deux adjoints, issus de l’opposition, a précisé Me Coltart. « Le Zimbabwe demeure très divisé et il faudra des qualités d’homme d’Etat des deux côtés pour que cela fonctionne », a-t-il souligné. Presque tous les ministres issus de l’opposition « ont à un moment ou un autre, au cours des neuf ans passés, été brutalisés sur ordre de ceux avec qui ils devront maintenant travailler »...
Lors de la présidentielle, Tsvangirai, 56 ans, n’avait pas obtenu officiellement assez de suffrages pour être élu dès le premier tour. Une campagne de violences s’était abattue sur ses partisans, qui l’avait poussé à abandonner au second tour. M. Mugabe, 84 ans, avait été déclaré vainqueur.
A la tête du pays depuis l’indépendance en 1980, Robert Mugabe a déclaré devant ses partisans, quelques heures avant l’annonce de l’accord de partage du pouvoir, qu’il ne laisserait jamais l’opposition « gouverner ce pays ».
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